Le temps des incertitudes

Le temps des incertitudes

Une nouvelle fois, les tensions géopolitiques et les conflits perturbent le monde et les marchés financiers. Il faut dire que depuis plus de cinq ans, nous enchaînons les crises et les guerres sur presque tous les continents. Après une période relativement calme sur la planète, l’apparition du Covid a lancé cette longue période d’inquiétudes et d’affrontements qu’ils soient militaires (Ukraine, Gaza et maintenant Iran-Israël), politiques (élections européennes et américaines de 2024) et commerciales (politique et pressions douanières de Donald Trump) depuis le début de cette année. Tous ces évènements ont alimenté les incertitudes des bourses mondiales avec de fréquentes corrections à la baisse. Il faut dire que nous n’avons pas connu au cours des 30 dernières années autant de crises majeures en si peu de temps.

L’action militaire américaine d’hier sur les sites nucléaires de l’Iran ouvre une nouvelle phase dont personne ne sait aujourd’hui quelles en seront les conséquences à court, moyen et long terme.

À court terme, les actions des bourses mondiales sont restées stables d’une manière surprenante et à l’inverse de tous les pronostics. Ce lundi, CAC à -0,69 % et Dow Jones à -0,15 % et Nasdaq à +0,35 % pour le marché américain à 18h (heure française). Le cours du pétrole que les économistes voyaient à très court terme à 120 $ le baril est également resté stable à 77 $.

Que faut-il en penser ? Est-ce le calme avant la tempête où la peur d’un conflit généralisé à tout le Moyen-Orient est annihilée par le sentiment que l’Iran durement touché ne sera plus en situation de riposter ? La véritable incertitude concerne la volonté du pouvoir Iranien et de son guide suprême au-delà de leur capacité militaire. Au-delà des postures médiatiques, vont-ils négocier une sortie de crise et sauver leur pouvoir politique ? Ou vont-ils s’engager dans une escalade militaire en frappant des intérêts américains et/ou bloquer le détroit d’Ormuz ? Le blocage de ce détroit, crucial pour l’économie mondiale (21 % du pétrole mondial et 25 % des biens manufacturés transitent en ce lieu), entrainerait à court terme une crise majeure de toutes les économies des pays développés. Le parlement iranien a voté son blocage hier.

Les marchés qui n’ont pas de vision pour les prochains jours et les prochaines semaines sont aujourd’hui dans l’attente de signes qui valideraient l’un des scénarii évoqués.

Alors que faire ?

Aujourd’hui personne ne peut objectivement savoir, avec un minimum de certitudes, le déroulé du conflit dans les prochains jours.

Si les actions militaires israéliennes et américaines débouchent sur un affaiblissement réel et durable de l’appareil militaire et nucléaire iranien, alors les marchés remonteront très vite et au-delà de leurs niveaux d’avant le déclenchement des premières frappes israéliennes.

Si à contrario le conflit dure, et facteur aggravant le détroit d’Ormuz est fermé à la navigation, le commerce international sera fortement perturbé et les bourses resteront déprimées pendant toute cette période.

• Marché des actions
Pour tous ceux qui détiennent aujourd’hui des actions en direct ou au travers de fonds collectifs (Sicav, FCP…), la seule solution est d’attendre des jours meilleurs. Ce n’est pas enthousiasmant mais c’est le meilleur conseil. Trop souvent les particuliers paniquent en cas de mauvaise nouvelles et sortent des marchés actions en perte. Il faut prendre du recul et attendre que la situation se stabilise. Comme dit l’adage « tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu ».

Les plus téméraires s’inspireront du financier Georges Soros qui a bâti une grande partie de sa fortune boursière au cours des 40 dernières années en achetant « au son du canon et vendu au son du violon ». Dans ce cadre, il faut acheter régulièrement au cours des prochains jours et jamais en une fois. On ne connaît jamais à l’avance le jour où les cours seront les plus bas. Une excellente option proposée dans certains contrats est « l’investissement progressif » ou « l’arbitrage progressif ». S’il n’est pas proposé dans votre produit d’investissement, définissez la somme que vous souhaitez investir ou arbitrer et divisez-la par vingt. Procédez ensuite à un achat ou un arbitrage de 5 % du total pendant 20 jours. Vous obtiendrez ainsi un prix d’achat lissé et moyenné.

• Marché des obligations
Les obligations en direct ou au travers d’outils collectifs (Sicav obligataires, fonds datés, FCP…) ne sont pas directement concernées par l’impact de ces événements géopolitiques. Ce qui les fait évoluer à la hausse ou à la baisse, c’est l’évolution des taux d’intérêts. Lorsque ceux-ci baissent, l’obligation prend de la valeur. À l’inverse, quand les taux d’intérêt montent, la valeur des obligations baisse.

Après une envolée des taux d’intérêt en Europe jusqu’à 4 % il y a 2 ans, les taux ont régulièrement et significativement baissé au cours des 15 derniers mois. Pour exemple, la Banque Centrale Européenne (BCE) a baissé le 5 juin dernier pour la 7ème fois ses taux directeurs les ramenant à 2 %.

L’inflation qui avait généré la hausse des taux d’intérêt n’est plus aujourd’hui un sujet d’inquiétude (1,9 % en juin sur 12 mois en Europe). C’est la faiblesse de la croissance dans le monde et particulièrement en Europe qui inquiète les banquiers centraux. Et ce ne sont pas les annonces de hausse des droits de douane de Donald Trump et le conflit au Moyen-Orient qui vont les rassurer. Il est probable que la planète vive une année 2025 de faible croissance, peut-être même de récession pour certains pays.

Dans ce contexte, le risque de voir une hausse des taux en Europe est très faible voire inexistante à ce jour. Je serai plus prudent pour les obligations américaines car le budget voté par le Congrès est le plus déficitaire de l’histoire américaine et pour le financer la Fed devra « rémunérer » les investisseurs étrangers qui accepteront d’acheter des emprunts d’État américains.

Les fonds datés sont aujourd’hui très performants en offrant des taux de rendement d’environ 4 % avec un risque très faible.

• Marché des comptes à terme bancaires
La forte baisse des taux de la BCE évoquée ci-dessus les pénalise directement et fortement. Aujourd’hui, les taux proposés par les banques à 3, 6, 9 et 12 mois sont très bas autour de 1 %. Néanmoins le capital est garanti et ce faible taux est tout de même meilleur que l’absence de rendement sur le compte bancaire. À utiliser pour de la trésorerie à court terme.

• Marché des fonds en euros
Dans ce contexte troublé et incertain, les fonds en euros font figure d’ilot de sécurité. Avec le capital garanti et des intérêts annuels définitivement acquis, ils offrent une garantie absolue aux investisseurs. Leurs rendements vont également s’effriter dans le temps du fait de la baisse actuelle des taux mais leurs réserves passées permettent de lisser cette baisse dans le temps. À l’inverse des comptes à terme où la baisse est immédiate.

On peut imaginer des rendements 2025 autour de 2 % à 2,50 % pour l’ensemble des acteurs assureurs et bancaires. Afin de consolider leurs ventes dans le contexte financier difficile que nous connaissons, certains assureurs proposent des bonus pour 2025 et 2026 en plus du rendement du fonds. Ces bonus vont de 1,30 % à 2,50 % en fonction des sommes investies, générant des performances globales attendues entre 3,30 % et 4,30 %. Ce qui est remarquable dans la situation actuelle.

• Marché de l’immobilier direct
Après plusieurs années de baisse du nombre de ventes et des prix, les chiffres de l’immobilier de ce début d’année ont créé la surprise. À fin mars 2025, le nombre de ventes sur 12 mois est en hausse de 6 % et les prix ont augmenté de 0,5 % sur un an au cours du 1er trimestre. En Île-de-France, le nombre de ventes a augmenté de 21 % par rapport au 1er trimestre 2024.

Cette reprise du marché est due à la baisse des taux d’intérêt qui a amélioré la capacité d’emprunt des acquéreurs (capital emprunté plus élevé, échéance mensuelle plus faible).

La hausse annoncée de 0,50 % des frais de notaire au 1er avril a également pu jouer pour certains acheteurs qui auraient anticipé leur acquisition.

À défaut de vraie reprise, le marché immobilier semble s’être stabilisé, ce qui est déjà une bonne nouvelle. Les chiffres du 2ème trimestre que l’on connaitra en juillet nous donneront une meilleure vision.

• Marché de l’immobilier indirect (SCPI)
À l’analyse des performances, on peut dire que le marché des SCPI se divisent aujourd’hui en trois grandes catégories : les SCPI anciennes bien diversifiées, les SCPI anciennes orientées sur le bureau et les SCPI de nouvelle génération.

Les premières sont solides avec des valorisations maintenues de leurs patrimoines et des rendements très corrects dans le contexte actuel autour de 4 %.

Les secondes orientées majoritairement sur les bureaux ont rencontré des difficultés au cours des trois dernières années avec des baisses de la valeur de leur part du fait de la dépréciation des actifs qui les composent. Ce phénomène a pu être amplifié pour les internationales (marché allemand, Bénélux et Royaume-Uni) où les évaluateurs étrangers actent très rapidement les évolutions de marché à la baisse comme à la hausse. Côté rendement, elles ont gardé pour la plupart des performances correctes avec pour les biens investis à l’étranger l’absence de CSG – CRDS sur les revenus et une fiscalité adoucie par rapport aux revenus fonciers français.

Enfin les SCPI de nouvelle génération ont changé le modèle économique en proposant des frais d’entrée à 0 % (environ 12 % TTC de frais d’entrée pour toutes les autres) avec des frais de gestion plus élevés et des pénalités de sortie pendant les premières années (pour éviter les placements de trésorerie à court terme de particuliers ou d’entreprises). Au-delà de leur modèle financier original et intéressant pour les investisseurs, elles ont eu la chance d’arriver depuis 3 ans dans un contexte où les prix de l’immobilier baissaient. Cela leur a permis d’acquérir à moindre coût (prix plus bas voire bradés pour certains biens) et ainsi d’offrir des rendements exceptionnels tout en prenant des frais de gestion plus élevés.

Les trois SCPI nouvelle génération que nous avons sélectionnées pour vous (Iroko Zen, Remake Live et Upeka) ont distribué des revenus nets supérieurs à 7 % et leurs perspectives de distribution de revenus et de valeur de part pour les prochaines années sont excellentes. De plus, elles bénéficient toutes les trois d’une fiscalité des revenus fonciers allégée du fait de l’implantation des biens immobiliers.

C’est aujourd’hui, au regard du contexte économique et financier mondial, une excellente opportunité d’investissement pour tous ceux qui souhaitent se constituer des revenus complémentaires immédiats (mensuels ou trimestriels) ou se constituer un capital à terme.

• Marché de l’or et des matières premières
Toutes les périodes d’incertitudes économiques et de conflits sont favorables aux cours des matières précieuses et en particulier de l’or qui a toujours servi, dans l’histoire, de valeur refuge.

Après une année 2024 qui a vu le cours de l’or flamber, le début de l’année 2025 s’est inscrit sur les mêmes bases. Depuis mes Lettres de novembre 2024 et d’avril 2025 où je vous conseillais, dans une allocation globale patrimoniale, d’investir régulièrement sur cet actif, l’or a pris plus de 40 % depuis novembre et 10 % depuis avril (28 % depuis janvier 2025). Les cours de l’argent (+21 %) et du platine (+34 %) ont suivi la même tendance depuis le début de l’année.

Les derniers évènements moyen-orientaux ne devraient que favoriser ces tendances. Pour tous ceux qui possèdent de l’or ou ces matières précieuses, le conseil est de les conserver car elles devraient s’apprécier au cours des prochaines semaines. Pour ceux qui n’en possèdent pas, il est toujours temps d’inscrire cet investissement dans une allocation globale. Pour revisiter ce marché particulier, je vous propose de relire ma Lettre « Spéciale Marché de l’or et des métaux précieux » de mars 2025. Si vous ne l’avez pas conservée, dites-le-nous, nous vous la renverrons.

• Marché des Cryptomonnaies

Une des seules choses que l’on peut factuellement constater, c’est que le Bitcoin et l’Ethereum actifs dits « exotiques » s’institutionnalisent de plus en plus. Pour preuve, la chute importante de cours qu’elles ont subie depuis les frappes américaines (-4 % pour le Bitcoin et -9 % pour l’Ethereum).

En conclusion, comme chaque fois que nous nous rencontrons, nous vous rappelons que le meilleur conseil pour une gestion patrimoniale équilibrée et performante dans le temps est la diversification. Au regard de la situation géopolitique actuelle et probablement future, cette formule est encore plus d’actualité.

Avertissement : les performances passées ne présument pas des performances futures.

 

Par Patrick BUTTEAU

+33 7 64 26 48 18
pbutteau@patrimentoconseil.fr

 

 

 

 

 

Découvrez ses ouvrages sur le site des Editions Arnaud Franel 

 

Et Thomas Butteau

+33 7 62 97 07 77
thomas.butteau@patrimentoconseil.fr

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