Les rachats d’actions
CFA Society France, l’association des professionnels de l’investissement, a distingué Gérard Blandin, le 20 juin 2024, en lui décernant le prix du meilleur article financier 2024 dans la catégorie médias généralistes pour son enquête publiée dans Le Revenu, intitulée : « Bourse, faut-il en finir avec les rachats d’actions ? » En voici quelques extraits.
Un phénomène financier et politique
Ces dernières années, les programmes de rachat d’actions se sont développés de manière considérable et ne manquent pas d’être célébrée par les investisseurs. Car les actions rachetées sont en général annulées, ce qui réduit l’offre de titres en Bourse et, par voie de conséquence, pousse les cours à la hausse, du moins à court terme.
Les montants en jeu ont de quoi donner le vertige. En 2023, les rachats d’actions dans le monde ont atteint 1.110 milliards de dollars, selon les données compilées par les experts de Janus Henderson. Surtout, il y a dix ans, ces rachats ne représentaient que la moitié des dividendes distribués ; aujourd’hui, ils se situent quasiment au même niveau et les dépassent allègrement aux États-Unis.
Ce phénomène ne manque pas d’irriter la classe politique. « Il y a quand même un peu de cynisme à l’œuvre, quand on a des grandes entreprises qui ont des revenus tellement exceptionnels, qui en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions. Je vais demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle [afin] que leurs travailleurs puissent en profiter », a ainsi déclaré le président Emmanuel Macron, lors d’une interview sur TF1 et France 2.
L’intérêt des rachats d’actions
Mais d’autres voix s’élèvent pour prendre le contrepied de ces critiques. À commencer par celle de Warren Buffett, investisseur émérite et milliardaire philanthrope. Dans sa missive annuelle aux actionnaires de sa société d’investissement, Berkshire Hathaway, le « sage d’Omaha » ne mâche pas ses mots. « Quand on vous dit que tous les rachats sont préjudiciables aux actionnaires ou au pays, ou particulièrement bénéfiques pour les PDG, vous écoutez soit un analphabète économique, soit un démagogue beau parleur (personnages qui ne s’excluent pas mutuellement) ». À condition bien sûr que ces rachats soient « effectués à des niveaux de prix favorisant la création de valeur ».
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Outil de gestion des capitaux propres pour les uns, pratique aberrante pour les autres : les rachats d’actions déchaînent les passions. Que faut-il donc en penser ? L’intérêt des rachats d’actions est de permettre de réduire le nombre de titres en circulation et d’augmenter le bénéfice par action à environnement constant. Ces rachats d’actions contribuent ainsi à la croissance future du dividende, est-il avancé. Surtout, ces rachats s’effectuent après la réalisation (et non à la place) des investissements par la société.
Les limites
Dans certaines situations (plus-values de cession d’actifs, par exemple), ce couplage dividende-rachats permet aussi d’assurer « un juste équilibre entre les investisseurs qui privilégient un versement en cash et ceux qui sont davantage attachés, dans la durée, à une croissance de la valorisation du titre », comme le précise BNP Paribas.
Il existe toutefois des limites à l’exercice. Un rachat d’actions, suivi d’une réduction de capital, diminue les capitaux propres. Dès lors, le ratio d’endettement net, qui se calcule en divisant les dettes nettes de l’entreprise par les capitaux propres, se trouve impacté à due proportion. Or, ce ratio est l’un des indicateurs privilégiés par les analystes financiers pour évaluer la solidité de la structure financière.
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Par Gérard Blandin
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