Le point sur les monnaies cryptées souveraines

Le point sur les monnaies cryptées souveraines

Depuis quelques temps, en fait depuis que Facebook a lancé sa crypto-monnaie sous le nom de la Libra, les crypto-monnaies souveraines semblent être sorties du bois ! Par exemple, le crypto-yuan suivait. On apprenait qu’il était testé depuis 2014 et accumulait de nombreux brevets sur la blockchain, les wallets, les signatures et preuves diverses. Le Président chinois annonçait en fin d’année 2019, que la blockchain était une priorité prioritaire.

Dans la foulée, se découvraient dans les cartons de nombreux pays, des projets de crypto-monnaies souveraines. Plus des 2/3 des pays du monde s’y intéressait !

Les monnaies cryptées, qu’est-ce que c’est ?

La qualification de « monnaies cryptées souveraines » ou, en langage classique « central bank digital currency », est attribuée aux monnaies émises sous forme électronique sous l’initiative et la responsabilité exclusives des autorités monétaires d’un pays. Elles s’appuient pour la gestion de leur émission et de leur circulation sur les fonctionnalités de la blockchain. Elles peuvent user d’un mode de fonctionnement identique à celui des monnaies cryptées privées classiques. Les fonds des utilisateurs sont représentés par des coins ou tokens, inscriptions informatiques d’informations plus ou moins détaillées stockées dans des wallets. L’utilisation de ces fonds suppose aussi l’usage de clés privées et publiques.

On pourrait donc en conclure que les monnaies cryptées souveraines ne sont que des modalités peu originales des monnaies cryptées en général. Il faut cependant y regarder de plus près.

Une monnaie-cryptée peu ordinaire

En premier lieu, et cela suffit à les distinguer, elles sont émises et gérées sous la responsabilité des autorités monétaires d’un Etat, c’est-à-dire d’un des ces tiers de confiance que les initiateurs des monnaies cryptées privées voulaient éliminer ! En deuxième lieu, tout en se prévalant de l’anonymat des opérations, les Etats, ne se sentent pas « obligés » par cette confidentialité : définissant les normes et caractéristiques des transactions, ils pourraient se les approprier pour en tirer des bénéfices en termes de contrôle social, économique et monétaire. Les capacités de calcul considérables installées dans des pays comme la Chine, laisse entrevoir ce qu’il est possible de faire dans ces domaines. En troisième lieu, les monnaies cryptées souveraines ne se soucient pas beaucoup de la démocratie monétaire que veulent développer leurs homologues privées.

Dans la formule du bitcoin, les calculs de minage c’est-à-dire tout ce qui permet de valider les transactions et de les inscrire dans la chaine des blocs, sont le fait de la communauté (et surtout de ses ordinateurs). Dès qu’un nouvel entrant dans la communauté est reconnu, il se voit transmis les logiciels qui règlent la vie de la monnaie. C’est même un élément essentiel de cette démocratie communautaire. L’accès au fonctionnement de la monnaie est dit « permissionless » : personne n’a à approuver le nouveau venu. La plupart des monnaies cryptées souveraines se soucient peu de démocratie « monétaire » : les acteurs sont filtrés, ils sont « permissioned ».

Pour terminer dans cette brève comparaison, une différence essentielle les sépare : par exemple, le crypto-yuan sera couvert par une parité totale (« 1 pour 1 ») avec le yuan « classique ». Les utilisateurs du crypto-yuan pourront ainsi passer d’une monnaie à l’autre sans risque de décote ni risque de liquidité. La monnaie cryptée chinoise aura l’Etat chinois comme signataire de confiance. A l’opposé des monnaies cryptées traditionnelles qui ne s’appuient sur aucun garant.

 

Par Pascal Ordonneau

Photo de M. Pascal Ordonneau

 

 

 

Ouvrages de Pascal Ordonneau aux éditions Arnaud Franel :

Des monnaies cryptées aux ICO
Monnaies cryptées et blockchain

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