La valorisation des entreprises sujette au biais de confirmation
La valorisation des entreprises n’est pas une science exacte, elle est sujette aux biais comportementaux. Dans son livre La finance comportementale et la gestion de patrimoine, l’auteur Yannick Coulon explicite le challenge que posent les biais comportementaux en matière de valorisation des entreprises.
La méthode de valorisation DCF (Discounted Cash Flow) est probablement la méthode d’évaluation idéale mais elle repose sur l’estimation incertaine des flux futurs de trésorerie générés par une entreprise. Dans un contexte d’achat/vente d’une entreprise, l’acheteur ou le vendeur ne retiendra que les hypothèses favorables à sa thèse et à ses idées préétablies sur la valeur de l’entreprise.
Par exemple, le vendeur surestimera les recettes futures, sous-estimera les investissements ou les coûts et considérera que l’opérationnel ne sera pas défaillant (pas de retard de lancement de produits). Sur internet, il est relativement aisé de sélectionner des données économiques allant dans son sens et confirmant ses hypothèses de travail (pensée en silo).
Et les biais de confirmation ?
Le biais de confirmation est un des biais les plus actif dans le travail de valorisation, il est comparable à une perception sélective. Nous sélectionnons les éléments qui confortent notre opinion (ici les hypothèses de croissance favorables ou défavorables). Les autres éléments sont inconsciemment ignorés ou minorés comme si un filtre de mauvaise foi agissait en permanence.
L’affect du vendeur envers son entreprise brouille aussi l’estimation, comment peut-il dévaloriser un bien auquel il est tant attaché, le fruit d’expériences positives cumulées après des années de travail acharné (la mémoire sélective et créative aidant) ?
Des solutions contre ces biais ?
Une des solutions pour minorer ce biais est d’établir un scénario pessimiste qui force le vendeur à envisager les hypothèses négatives qu’il rejette inconsciemment.
Cette démarche volontaire et probablement inconfortable de recherche des thèses contraires améliore la qualité de l’analyse et établit une fourchette de valeurs plus réaliste et rationnelle.
Par Yannick Coulon