Mise en échec de la diversification
Un des principes fondamentaux en gestion de patrimoine est la diversification. Mais celle-ci n’est jamais parfaitement appliquée par les investisseurs.
Les illusions de la performance et les limites de la diversification spontanée
La recherche de la performance passée, comme l’écartement permanent d’un actif vendu à perte, fausse la répartition équilibrée des actifs. On surpondère la performance passée et on sous-pondère la performance négative en ignorant que les marchés sont cycliques et suivent des modes.
L’investisseur recherche tout naturellement à renouveler une expérience positive et éviter de revivre une expérience négative. Cette sélection se fait au détriment de la performance et d’une diversification efficiente.
Un des obstacles est aussi le focus appliqué sur chaque placement au détriment d’une vision holistique du patrimoine global. La comptabilité mentale agit comme une loupe fixée sur le compte de résultat d’un seul placement au détriment de l’interaction des classes d’actifs.
Une diversification mal comprise et mal appliquée
La diversification naïve est appliquée sans tenir compte de la corrélation des placements. Ce n’est pas la multiplication des placements ou le parfait équilibre entre ces placements qui rendent l’ensemble cohérent et efficient mais une pondération basée sur le degré de diversification des actifs entre eux.
La diversification est souvent mal assimilée par les investisseurs, voir mal perçue. Elle peut être ressentie comme une neutralisation des performances et la volatilité comme une notion assez éloignée de l’aversion aux pertes.
La diversification n’apparait-elle pas comme une vision ennuyeuse de l’avenir car peu excitante en termes de promesse de rentabilité ?
Les biais comportementaux face aux principes éprouvés de diversification
Le biais de familiarité biaise aussi la diversification puisqu’il consiste à surinvestir dans les biens ou valeurs cotées sur le marché national au détriment des valeurs ou biens étrangers. On se prive alors du potentiel des marchés mondiaux pour privilégier des biens que l’on pense mieux maitriser et que l’on perçoit comme moins risqués.
La roue tourne en matière d’économie, de secteurs et de géographie. Ce vieux principe de diversification efficiente initiée et prônée par Harry Markovitz dans les années 1950 reste toujours d’actualité.
La négliger ou mal l’appliquer, c’est considérer les marchés financiers comme un jeu de roulette et à ce jeu là, c’est le casino qui emporte la mise.
Par Yannick Coulon