[TRIBUNE] Le chômage et le risque de ne plus travailler (1/2)

[TRIBUNE] Le chômage et le risque de ne plus travailler

 

Au malheur d’être exploité pourrait succéder un malheur pire encore, celui de n’être plus exploitable” Pascal Bruckner, Les sanglots de l’homme blanc.

Alors que la France entre dans une crise sociale et économique qui pourrait durer une décennie il importe de savoir pourquoi « nous nous sommes tant plantés » pour redresser l’emploi et l’économie depuis les années 2000.

Et si nos problèmes de chômage étaient d’abord liés à notre modèle social et à des risques que plus personne ne veut assumer ?

Rien ne semble y faire (CICE, réforme du droit du travail ou encouragements à l’activité), l’emploi ne redémarre pas en France. Malgré une conjonction de facteurs positifs (forte baisse du prix de l’énergie, taux d’intérêts presque nuls, développement économique de nombreux pays) notre pays ne sait plus profiter de la conjoncture et nous détruisons de l’activité (pas seulement salariale) alors que les “départs naturels” des baby boomers étaient censés préparer le plein emploi.

Le chômage, une histoire de flux

Les optimistes inconditionnels avaient beau imaginer une France de 2020 où l’on manquerait de travailleurs (le COR fantasmait le plein emploi, soit 5 % de chômage en 2020, ce sera sans doute 20 % !), un dynamisme économique au service du pays (mais si les jeunes sortent de l’école sans compétences ni envie de travailler ils représentent plus un handicap qu’un atout). Il n’en sera rien, non seulement le chômage continuera de monter (l’inversion se produira peut-être quand nous aurons touché le fond), mais surtout notre pays s’appauvrit continuellement en ne produisant plus grand-chose et en multipliant les emplois publics, en comptant sur les régimes sociaux pour amortir nos manques de réformes courageuses. De plus, les retraites deviendront infinançables quand il y aura 1 retraité pour 1 cotisant. Avec la conjoncture économique mondiale actuelle, nous devrions créer des emplois (pas forcément salariés), alors que la déprime économique et sociale touche presque tous les secteurs.

Quelques raisons expliquant notre déclin économique et social

Les raisons qui font chuter notre activité et notre attractivité semblent être au nombre de cinq dans notre pays :

  1. Une école qui ne fait plus son travail depuis une quarantaine d’années
    L’école ne fait plus globalement le travail, non pas parce qu’elle aurait trop changé (la réforme du collège unique n’explique pas par exemple pourquoi l’école primaire ne fonctionne plus aujourd’hui) mais au contraire parce qu’elle s’est figée dans un modèle hérité de Jules Ferry dans une société de la connaissance totalement nouvelle (à ce titre il faut consulter le palmarès des meilleurs lycées de France, palmarès qui démontre la piètre valeur ajoutée de la plupart des établissements publics).
  2. Un Etat qui étouffe le pays réel sous les normes, les contraintes administratives, les règlementations lourdes et complexes, ainsi que l’inefficacité (la bureaucratie étant par nature inefficace, coûteuse et broyeuse de compétences).
  3. Une fiscalité inadaptée et un manque d’attractivité : protégeant la rente, luttant contre le travail déclaré, elle décourage les meilleures volontés par l’impôt progressif (une punition pour ceux qui gagnent bien et officiellement leur vie), les niches sociales et fiscales et cette idée qu’il faut redistribuer avant même d’avoir récolté (notre taux d’imposition globale, régimes sociaux inclus, est parmi les plus élevé du monde développé). La France n’est pas business friendly et certains ont encore le tort de s’en féliciter.
  4. Une insuffisante qualification de la population. La piètre qualité de notre école se retrouve évidemment quelques années plus tard au travail et l’OCDE, dans son étude PIAAC de 2013, a bien souligné qu’aux deux extrémités du spectre professionnel (parmi les bas niveaux de qualification mais aussi parmi les plus hauts niveaux de qualification), les français étaient bien moins compétents et qualifiés que les travailleurs des autres pays comparables. Un seul chiffre pour illustrer ce manque de compétences : en anglais, 4% des Français pourraient revendiquer un niveau “advanced”, qualification requise pour occuper un poste de cadre à l’international.
  5. Un modèle social qui assèche littéralement les ressources des entreprises (charges, CSG, congés innombrables, pénibilité, contentieux juridiques, lourdeurs administratives, bientôt le prélèvement de l’impôt pour le compte de l’Etat…) tout en les poussant à se reposer sur l’Etat pour assumer les reconversions professionnelles ou la santé des travailleurs. A quoi bon enrichir le travail si le travail non qualifié est subventionné ?

Retrouvez  la 2e partie de l’article : https://www.vademecum-patrimoine.com/?p=4338&preview=true

Par Didier Cozin

Photo de M. Didier Cozin

Ouvrages de Didier Cozin aux Editions Arnaud Franel :

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