Peser la monnaie ? Le trébuchet ou la balance romaine

Peser la monnaie ? Le trébuchet ou la balance romaine

Comment voulez-vous peser votre monnaie ? Drôle de question ! Il y a beau temps que la monnaie ne se pèse plus. Même les monnaies d’or, d’argent ou de bronze ! Ce n’est pas pour rien que le célèbre Crésus, roi de Lydie, a conquis sa renommée : il avait inventé la monnaie. Le première monnaie signée, qui venait de ses ateliers.

Elle fut si appréciée de son temps qu’elle devint une monnaie internationale alors même que la Lydie ne pesait pas lourd sur le plan géopolitique ! Comparée à ses voisins, la Perse et l’Egypte, elle n’était qu’une puissance de taille très moyenne. Et pourtant, elle fut à l’origine d’une révolution qui dure depuis 2500 ans : la monnaie dite signée, celle dont l’émetteur assume la totale responsabilité. La monnaie représentée par une pièce de métal, ronde en principe, estampée, avec force détails dans sa gravure.

Mais avant ? Qu’y avait-il avant la monnaie de Crésus, avant les drachmes des Athéniens, avant ces pièces qui sont souvent de véritables œuvres d’art en miniature ?

Les origines des paiements

Avant, on découpait, on pesait, ou on s’échangeait des tablettes d’argile sur lesquelles il était marqué en écriture cunéiforme ou en hiéroglyphes que le marchand X devait payer pour un troupeau de bœufs, ou de n’importe quoi d’autre, la somme de « tant ». Ne rêvez pas, il ne s’agissait pas d’un ancêtre du billet de banque (en argile) ! C’était plutôt un extrait d’un livre de compte tenu par les prêtres d’un temple ou les registres d’un scribe.

Avant l’invention de la monnaie lydienne, on payait en or pesé et non pas signé. Or pesé, ou argent, ou bronze, en quoi cela consiste-t-il ? C’est simple, on prend un lingot et on rogne. C’est-à-dire que, soit on découpe le métal nécessaire dans le lingot soit on en tire de la poudre. Notons que dans bien des cas, on paye en poudre d’or récoltée dans des rivières aurifères, comme le célèbre fleuve Pactole par exemple.  Dans tous les cas, il faudra peser. Et nous y voilà : nous revenons au point de départ. On pèsera pour avoir l’exact poids de métal, dont la valeur au poids est connue et notée dans des éphémérides.

La précision des balances

Pour avoir le bon poids il faut avoir la bonne balance. Celle qui s’est imposée progressivement jusque dans des temps pas si lointains est la balance des orfèvres, le trébuchet : une balance extrêmement fine qu’on reconnait dans des tableaux flamands célèbres.

En exergue, on a évoqué la balance romaine : un souvenir de l’affront subi par les Romains, vaincus par les Gaulois. Ils doivent payer un tribut en or d’un poids fixé en accord avec le vainqueur. Le vainqueur vient avec ses poids et triche, les Romains s’offusquent. Toute l’histoire vous est racontée dans mon livre : « La monnaie entre humour et simplicité », au chapitre 13 « Il vaut son pesant d’or ».

Revenons sur les trébuchets : une monnaie trébuchante, cela ne vous dit rien ? Que vous le vouliez ou non, par manière de plaisanterie ou, au contraire pour marquer que vous ne riez pas, vous ne manquerez pas de vous réclamer d’une monnaie trébuchante et sonnante… Sonnante ?

Franchement à ce stade de questionnement, une chronique n’y suffira pas : il vaut mieux se reporter vers mon livre. Vous trouverez en mots simples des informations parfois comiques ! Souvent sérieuses aussi.

Et la monnaie sonnera juste… Ou fausse.

Par Pascal Ordonneau

Photo de M. Pascal Ordonneau

Ouvrages de Pascal Ordonneau aux éditions Arnaud Franel :
La monnaie entre simplicité et humour

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Pascal Ordonneau
Pascal Ordonneau, banquier, a été DG et PDG de banques françaises, anglaises et américaines. Il est SG de l’Association « Iconomy ». Auteur d’une dizaine d’ouvrages parmi lesquels cinq livres d’économie et de finance, il est chroniqueur aux Échos, au Huffington Post et conférencier (monnaies cryptées et Allemagne).

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