La dégradation des notes souveraines
Après la décision de l’agence Fitch d’abaisser la note de crédit de la France, en raison de la dérive des comptes publics, le pays va-t-il devenir « l’homme malade de l’Europe », comme l’a été la Grèce dans le passé ? Petit rappel de la crise des dettes souveraines qui a failli être fatale à la zone euro.
En octobre 2009, peu après son arrivée au pouvoir, le nouveau Premier ministre grec, Georges Papandréou, annonce que le déficit budgétaire du pays pour 2009 n’est pas de 6 % par rapport au produit intérieur brut (PIB), comme le prétendait son prédécesseur, Kostas Karamanlis, mais de 15,6 %, donc très éloigné du « critère de Maastricht » (3 %).
Cette déclaration, laissant entendre que les données officielles des finances publiques sont manipulées, entraîne aussitôt une perte de confiance de la part des investisseurs étrangers et une sortie massive des capitaux de Grèce.
De 2009 à 2012, crise en cascade en zone euro
La crise se propage ensuite aux pays dont les finances apparaissent fragiles, en lien avec les dégradations des notes souveraines par les agences de notation : l’Irlande (2010), le Portugal (2011), Chypre, l’Italie et l’Espagne (2012).
Début 2012, au plus fort de la tempête, alors que l’Allemagne emprunte autour de 2 % pour ses obligations d’État, le Portugal se refinance à un taux d’intérêt de 17 % (fin janvier) et la Grèce à 37 % (en mars). La question d’une sortie de la Grèce de la zone euro, désignée par le néologisme Grexit (par contraction de Greece et exit), se pose alors sérieusement.
En contrepartie de plans d’austérité, les aides d’urgence décidées par la « troïka » (nom donné au trio formé par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) permettent de répondre aux besoins de financement des pays en difficultés, mais elles ne suffisent pas à enrayer la crise et la spéculation.
Le gouverneur de la BCE : “ …whatever it takes ”
Le rétablissement de la confiance viendra de Mario Draghi, ancien dirigeant de Goldman Sachs et ex-gouverneur de la Banque d’Italie, à la tête de la Banque centrale européenne depuis le 1er novembre 2011.
Dans un discours devenu célèbre prononcé à Londres, le 16 juillet 2012, il déclare sans détours : “ Within our mandate, the ECB is ready to do whatever it takes to preserve the euro. And believe me, it will be enough. ” (« Dans le cadre de son mandat, la BCE est prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver l’euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant. »).
Les investisseurs entendent le message et retiennent surtout ces trois mots : “ Whatever it takes ” (« Quoi qu’il en coûte »). Ces paroles et l’annonce du programme de rachat d’obligations souveraines sur les marchés secondaires (Outright Monetary Transactions ou OMT), le 2 août 2012, suffiront à contrecarrer la spéculation et à sauver la zone euro.
Par Gérard Blandin
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