Du chaos à l’euphorie, un premier semestre comme seule la crypto en connait !
2025 n’a pas attendu longtemps pour nous rappeler que les cryptomonnaies restent un terrain de jeu aussi fascinant qu’imprévisible. Après un démarrage sous haute tension, ponctué de dérives spéculatives et de désillusions, le Bitcoin vient de franchir un nouveau sommet historique au-dessus des 110 000 $, marquant un tournant inattendu dans un semestre pourtant bien mal engagé. Que s’est-il passé entre temps ? Retour sur ces mois de montagnes russes.
Un début d’année sous le signe du désordre
Les cycles économiques se suivent et se ressemblent. Dans l’univers des cryptomonnaies, le schéma classique est bien connu : une envolée du Bitcoin, une concentration des flux autour de l’actif roi, suivie d’une phase dite d’« Alt Season », où les gains engrangés sur le BTC se dispersent vers les autres crypto-actifs.
C’est ce que beaucoup attendaient pour ce début d’année. Porté par les performances exceptionnelles du secteur et une dynamique institutionnelle puissante, le marché semblait prêt à reproduire ce scénario. Mais dès les premières semaines de 2025, le climat s’est brutalement refroidi.
L’investiture de Donald Trump, longtemps considérée comme un catalyseur favorable à l’écosystème, a en réalité marqué un point d’arrêt net de la dynamique haussière. Non par hostilité envers les cryptomonnaies – bien au contraire, le discours reste favorable – mais par les décisions économiques et diplomatiques mises en œuvre dès son arrivée : retour des droits de douane massifs, posture protectionniste affirmée, tensions commerciales avec plusieurs partenaires stratégiques, et une ligne politique internationale oscillant entre imprévisibilité et isolement.
Ces signaux, dans un environnement déjà alourdi par les conflits persistants en Ukraine et au Moyen-Orient, ont rapidement fait basculer les marchés dans une phase de prudence généralisée.
Si le Bitcoin a résisté, il a malgré tout chuté de plus de 30 %, se maintenant autour des 75 000 à 80 000 $. Mais le reste du marché a lourdement chuté. Les altcoins, plus vulnérables et étroitement liés à l’humeur spéculative des investisseurs, ont vu leur capitalisation s’effondrer. Ethereum en tête, avec une baisse de plus de 60 %, suivi par de nombreux tokens revenus sous leurs niveaux d’avant l’élection présidentielle.
C’est dans ce contexte instable qu’une séquence plus inquiétante encore s’est ouverte – celle que le marché a très vite surnommée, non sans ironie, la « Crime Season ». Une vague de projets opportunistes et de tokens absurdes a déferlé, capitalisant sur l’agitation ambiante : memecoin « TRUMP » lancé la veille de son investiture, le token « Melania » lancé la semaine suivante face au succès planétaire du premier nommé, « Libra » lancé puis discrètement retiré par le président argentin après un tollé politique, ou encore la multiplication de jetons créés autour de la photo du chien de l’ex-CEO de Binance ou de nombreuses célébrités.
Cette déferlante d’initiatives absurdes, nourries par le sensationnalisme dans le seul but d’extraire le maximum de liquidité rapidement a contribué à ternir l’image du secteur et a rappelé une réalité incontournable : les cryptomonnaies restent un marché hautement spéculatif, où seuls les projets solides traversent les tempêtes.
Un rebond mené par le bitcoin
Après plusieurs mois d’instabilité, la crise a laissé place à une forme de consolidation. À partir d’avril, un climat plus constructif s’est progressivement installé, soutenu par plusieurs éléments structurants.
D’abord, le discours de Donald Trump s’est tempéré, mettant l’accent sur l’innovation et la compétitivité américaine, en rupture avec les provocations économiques des premières semaines. Cette inflexion, bien accueillie par les marchés, a contribué à stabiliser le climat général.
Ensuite, les tensions géopolitiques, bien que toujours présentes, ont montré des signes de décrue où certaines avancées diplomatiques ont été interprétées comme des signaux d’apaisement.
Mais c’est surtout la robustesse de la demande institutionnelle, déjà à l’œuvre depuis fin 2024, qui a soutenu le redressement du marché. Les flux vers les ETF Bitcoin restent massifs, portés par une adoption croissante dans les portefeuilles traditionnels. À cela s’ajoute un environnement macro-économique légèrement plus lisible, avec des taux d’intérêt qui semblent avoir atteint un plateau, et un retour progressif de l’appétit pour le risque sur l’ensemble des classes d’actifs.
Ce faisceau d’éléments a permis un véritable retournement de tendance sur le marché, au premier rang duquel le Bitcoin, moteur de ce rebond a pris près de 50 % depuis 2 mois. Le 22 mai, il a franchi un nouveau sommet historique au-delà des 110 000 $, illustrant la solidité de sa dynamique et la confiance renouvelée des investisseurs.
En parallèle, les altcoins peinent encore à suivre. Dans un marché redevenu plus exigeant, la plupart n’ont pas retrouvé leur rythme d’avant correction, et restent soumis à une forte sélectivité. Cela rappelle l’importance, dans un environnement volatile, de revenir aux fondamentaux : choisir des actifs solides, adapter ses prises de profit, et savoir exploiter les phases de faiblesse du marché, comme ce fut le cas en début d’année, pour saisir les opportunités avec méthode et discernement.
Par Thomas Butteau